Le harcèlement scolaire
est devenu un véritable fléau dans notre société. D’après un rapport parlementaire publié le 13 octobre 2020, près de 700 000 enfants seraient ainsi victimes de harcèlement scolaire chaque année, soit 5 à 6 % des jeunes Français. Et cela peut toucher n’importe qui… Notre enfant, notre nièce, notre voisin, notre élève. Il est donc de notre devoir, en tant que parents d’élèves, en tant qu’enseignants, en tant qu'établissements scolaires et en tant que citoyens, de faire de la prévention et de la lutte contre le harcèlement scolaire l’une de nos priorités. Où commence le harcèlement ? Quelles en sont les conséquences ? Et comment lutter contre cette violence qui dépasse parfois le cadre scolaire ? Réponses !
Pourquoi lutter contre le harcèlement scolaire ?
Le harcèlement à l’école peut avoir des effets dévastateurs sur la vie future des victimes, bien évidemment, mais aussi des harceleurs et des spectateurs. Troubles de l’anxiété, dépression, problèmes comportementaux (violence, dépendance à l’alcool et aux drogues…), décrochage scolaire, perte de confiance en soi… Autant de conséquences résultant d’une violence et d’un harcèlement permanent.
Sans parler des répercussions négatives sur le développement social des jeunes confrontés au harcèlement. En effet, les élèves victimes de violence à l’école seraient moins empathiques, mais aussi moins ouverts aux autres. Un réel handicap pour leur intégration à l'âge adulte !
Autrement dit, les situations de harcèlement à l’école peuvent avoir un impact sur la vie entière d’un élève. Il est donc de notre devoir de prévenir et lutter contre ce fléau.
Qu'est-ce qui peut être considéré comme du harcèlement ?
Le harcèlement désigne toute forme de violence répétée découlant d’un rapport de force déséquilibré, réel ou perçu comme tel. Ces actes de violence sur la durée entraînent alors un préjudice physique ou psychologique important pour autrui. De manière générale, le harcèlement scolaire se définit par 3 caractéristiques : la répétition sur une longue durée, le rapport de domination et l’intention de nuire.
Concrètement, le harcèlement scolaire peut prendre différentes formes :
- physique
: le harcèlement physique se caractérise par des coups, des gifles, des bousculades, des brimades, etc.
- verbale
: le harcèlement verbal se caractérise par des insultes, des moqueries, des humiliations publiques, etc.
- morale
: le harcèlement moral se caractérise par l’exclusion d’un groupe, la propagation de rumeurs, l’intimidation, etc.
- sexuelle
: le harcèlement sexuel se caractérise par des attouchements, des actes de vengeance pornographique, etc.
Un harceleur majeur encourt alors jusqu’à 3 ans d'emprisonnement et 45 000 € d’amende. Si l’auteur des faits est mineur, la peine maximale est portée à 18 mois de prison et 7 500 € d’amende. À savoir que les mineurs de moins de 13 ans ne peuvent en aucun cas aller en prison ou payer une amende.
Le cyberharcèlement peut-il être considéré comme du harcèlement scolaire ?
Avec l’utilisation généralisée des nouvelles technologies, le harcèlement entre élèves dépasse désormais l’enceinte des établissements scolaires. On parle alors de cyber-harcèlement. Dans ce cas précis, le harcèlement poursuit l’élève jusqu’à son domicile via les outils de communication électronique, comme les téléphones portables, les réseaux sociaux, les forums en ligne… Aux yeux de la loi et du Code pénal, le harcèlement en ligne est un délit pouvant entraîner jusqu’à 2 ans d'emprisonnement et 30 000 € d’amende.
Quels sont les risques liés au harcèlement à l'école ?
Dépression et perte de confiance en soi
Les chiffres sont tombés. Un tiers des dépressions à l’âge adulte serait lié au harcèlement subi plus jeune. C’est du moins ce que nous révèle cette étude britannique réalisée en 2015 auprès de 4 000 jeunes adultes victimes de violences physiques, verbales ou psychologiques à l’âge de 13 ans. Par ailleurs, on y découvre que les enfants harcelés auraient deux fois plus de risques d’être dépressifs à l’âge adulte que ceux n’ayant jamais connu le harcèlement.
Sans attendre l’âge adulte, les victimes de violences scolaires souffrent d’angoisse, de troubles du sommeil et d’une perte de confiance en eux. Autant de conséquences qui nuisent à leur épanouissement personnel.
Décrochage scolaire
Le harcèlement est l’une des principales sources de décrochage scolaire. Cela se manifeste alors progressivement. Tout d’abord, le harcèlement fait de l’école un lieu de mal-être et d’insécurité. Cette peur du milieu scolaire explique aujourd’hui 25% d’absentéisme, en France, au collège et au lycée. Ces absences répétées entraînent alors, dans la plupart des cas, un décrochage scolaire.
Et parfois, bien pire…
“Suicide de Dinah : Comment combattre le harcèlement scolaire ?” - LeFigaro
“Morbihan : Une adolescente de 14 ans, victime de harcèlement scolaire, se suicide” - 20Minutes
“Harcèlement scolaire : 18 enfants se sont suicidés en France depuis le 1er janvier”- La Dépêche
Voici les titres parus dans la presse ces 6 derniers mois. Car oui, le harcèlement scolaire pousse parfois au suicide. Une réalité dure à entendre, mais qui révèle la gravité de la situation.
Quelles sont les solutions pour lutter contre le harcèlement scolaire ?
Sensibiliser les enfants, dès le plus jeune âge
La formation et la sensibilisation des collégiens et des lycéens, ainsi que des plus jeunes, est une étape essentielle à la lutte contre le harcèlement scolaire. Ces actions de sensibilisation peuvent alors revêtir plusieurs aspects :
- Dialoguer avec les enfants
sur les conséquences du harcèlement, mais aussi sur l’importance de libérer la parole. Cela peut non seulement éviter la naissance d’un futur harceleur, mais aussi créer un lien de confiance avec l’enfant dans le cas où il en serait un jour la victime.
- Lui apprendre à se défendre
, non pas par la violence, mais par le dialogue et la dénonciation d’actes de harcèlement, que l’enfant en soit la victime ou le témoin.
- Aider l’enfant à prendre confiance en lui
, en le complimentant et mettant en avant ses bonnes actions. Cela peut aider les harcelés à faire face à leurs agresseurs, mais aussi éviter aux harceleurs de rabaisser les autres pour pouvoir se sentir supérieurs.
- Lui apprendre l’empathie
, car un enfant qui sait reconnaître ses émotions et celles des autres saura non seulement quand il va trop loin avec quelqu’un, mais saura aussi venir en aide à une personne en difficulté.
Surveiller les changements de comportements
En tant que parent et/ou professeur, plusieurs signes peuvent vous alerter. Il est alors dans votre devoir de les identifier, sans les dramatiser, mais sans les minimiser pour autant. Ces signes, les voici :
- une phobie scolaire
- des troubles du sommeil
- des crises d’angoisse qui se manifestent parfois par des cauchemars, des poussées d’eczéma ou de psoriasis…
- la présence de bleus ou d'hématomes sur le corps
- une absence d’amis
- une chute des résultats scolaires
- un repli sur soi, avec cette loi du silence
- des comportements violents
- un manque d’empathie
- …
Si vous repérez l’un de ces signes, il est important de maintenir le dialogue avec l’enfant et son école, sans pour autant le brusquer avec des questions trop insistantes ou intrusives. L’idée est de lui montrer que vous êtes là pour lui, sans aucun jugement.
Le plan du ministère de l’Éducation nationale
Depuis 2018, un plan volontariste de lutte contre le harcèlement scolaire a été mis en place par le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports. Le plan “Non au harcèlement” (NAH) s’articule alors autour de trois axes : prévenir, former et intervenir.
Voici, dans les grandes lignes, ce que cela implique :
- des enquêtes sur le climat scolaire
, soit le bien-être des étudiants, au sein des différents établissements scolaires
- l’expérimentation d’un plan de prévention contre le harcèlement scolaire
qui implique la formation d’au moins 5 adultes par établissement, la désignation d’ambassadeurs NAH parmi les élèves et la mise en place de protocoles de prise en charge adaptés au contexte local
- des conférences internationales et des campagnes annuelles de prévention du harcèlement
pour sensibiliser au sujet
Cette lutte contre toutes les formes de harcèlement scolaire s’est d’ailleurs intensifiée à la rentrée 2021. En effet, le ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, Jean-Michel Blanquer, a annoncé la généralisation du programme de lutte contre le harcèlement à l’école (pHARe) à tous les collèges, d'ici septembre 2022. L’amélioration des modalités de traitement du cyber harcèlement, avec des réponses pénales plus réactives et plus pertinentes, est notamment en projet.
Des numéros pour venir en aide aux victimes et à leur famille
3020
, le numéro d'écoute pour les victimes de harcèlement
Victime de violence scolaire ? Vous pouvez contacter le 3020, soit le numéro d’écoute et de prise en charge des familles et des victimes de harcèlement. Ce dispositif téléphonique gouvernemental est gratuit et accessible du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h. Si une situation de harcèlement est identifiée au cours de l’entretien téléphonique, et avec l’accord des personnes concernées, les référents harcèlement de l’Éducation nationale sont alors contactés.
3018
, le numéro consacré au cyberharcèlement
Net Écoute est le numéro vert national des victimes de cyberharcèlement à l’école. Ce dispositif est 100 % anonyme, gratuit et confidentiel. Vous pouvez joindre le 3018 du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h.
Conclusion : le harcèlement scolaire, l'affaire de tous
Agir contre le harcèlement scolaire est l’affaire de tous. Que vous soyez parent, étudiant, membre de l’équipe pédagogique ou simplement citoyen, il est dans votre devoir de prévenir et réagir face au harcèlement scolaire. Il en va de la vie actuelle et future de milliers d’enfants.
Vous êtes chef d'établissement, professeur ou même parent, dites-nous en commentaire ce que vous avez mis en place à votre niveau pour lutter contre ce fléau.